Introduction

L'addiction aux jeux d'argent est un trouble reconnu par le DSM-5. Elle se caractérise par une perte de contrôle, une tolérance croissante et des conséquences financières, sociales et psychologiques importantes. Comprendre les signes d'alerte et les mécanismes psychologiques qui rendent le jeu si addictif permet de mieux agir et d'accéder aux solutions disponibles en France.

Comment reconnaître une addiction aux jeux d'argent ?

Les critères cliniques du DSM-5

• Rejouer pour récupérer ses pertes (chasing).
• Augmentation des mises pour retrouver la même excitation (tolérance).
• Préoccupation constante par rapport au jeu (ruminations, planification).
• Jouer pour échapper à la tristesse, au stress ou à l'anxiété.
• Tentatives infructueuses d'arrêter ou de réduire sa pratique.
• Mensonges répétés à l'entourage.
• Mise en danger du travail, des études ou des relations.
• Recours à des proches pour renflouer ses dettes.

Dépistage rapide (tests de repérage)

Signes concrets au quotidien

Pourquoi devient-on accro aux jeux d'argent ?

a) Le piège des récompenses imprévisibles

Les jeux d'argent reposent sur un renforcement à ratio variable : la récompense tombe de manière imprévisible. Ce système est connu pour être l'un des plus addictifs, car il entretient l'espoir constant de gagner.

b) Le rôle du quasi-gain (near-miss)

Un « presque gagné » active les circuits de la récompense dans le cerveau, presque autant qu'une vraie victoire. Cela explique pourquoi les joueurs ressentent un regain de motivation après avoir "frôlé" le jackpot.

c) Les biais cognitifs qui piègent le joueur

• Illusion de contrôle : penser que ses choix ou rituels influencent le hasard. Étudié depuis Langer (1975) : PMC
• Gambler's fallacy (erreur du parieur) : croire qu'après plusieurs tirages identiques, le résultat "doit changer". Source : Wikipédia (fr)
• Mémoire sélective : se souvenir des gains et oublier les pertes. PMC
• Losses Disguised as Wins (LDW) : effets sonores et visuels festifs qui donnent l'impression de gagner, même quand la mise est perdante. Source : PubMed (Dixon 2010)

d) Les caractéristiques du jeu en ligne

• Accessibilité 24h/24, vitesse des parties
• Paris en direct, micro-mises
• Incitations marketing (bonus, freebets, cashbacks)

e) Publicité et exposition

Les incitations marketing et la publicité augmentent la probabilité de jouer, surtout chez les jeunes et les joueurs à risque.

f) Facteurs individuels

La vulnérabilité est plus élevée chez les personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs, TDAH ou consommant des substances addictives.

L'addiction au jeu en France : chiffres clés

Répartition par type de jeu (2023)

• Loterie et grattage : 30,9%
• Paris sportifs : 6,7%
• Machines à sous : 6,6%

Que faire si je me reconnais ?

1. Se repérer rapidement

2. Se protéger immédiatement

• Interdiction volontaire de jeux (3 ans, renouvelable)
• Infos Service Public sur l'interdiction
• Auto-exclusion opérateur par opérateur (24h à 1 an)

3. En parler à un professionnel

4. Se faire aider durablement

• Thérapie cognitive-comportementale (TCC) : traitement de référence
• Entretien motivationnel, thérapies de groupe
• Médicaments : naltrexone / nalmefène (NMA 2024), essais nalmefène

5. En cas de dettes

À retenir

• Signes clés : chasing, tolérance, préoccupation, mensonges, mise en péril
• Mécanismes addictifs : récompenses imprévisibles, quasi-gains, biais cognitifs, illusions créées par le design des jeux
• Outils en France : Évalujeu, interdiction volontaire, Joueurs Info Service
• Traitement : TCC en première ligne, médicaments possibles en complément

Sources clés