L’addiction aux jeux d’argent menace de plus en plus notre société numérique. Pour comprendre et combattre ce phénomène croissant, nous avons échangé avec le Dr Sarah Cohen, une éminente spécialiste de l’addiction. Ne manquez pas ses révélations choc et les solutions pratiques qu’elle propose.
Intervieweur : Pourriez-vous définir ce qu’est une addiction aux jeux d’argent, Dr COHEN?
Dr Sarah Cohen : Bien sûr. C’est une pratique inadaptée, persistante et répétée du jeu d’argent conduisant à une perturbation des activités personnelles, familiales ou professionnelles ou à une souffrance cliniquement significative. En France, cela peut concerner de nombreux types de jeux comme les tickets à gratter, les jeux de casino, les machines à sous, les jeux de loterie, le blackjack, les jeux de cartes, les paris sportifs et les courses de chevaux.
Intervieweur : Existe-t-il un terme spécifique pour cette condition ?
Dr Sarah Cohen : Oui, on parle généralement de trouble lié au jeu d’argent ou de jeu d’argent pathologique.
TIntervieweur : Quels sont les symptômes de ce trouble ?
Dr Sarah Cohen : Le jeu d’argent pathologique est défini par un ensemble d’au moins quatre symptômes survenant n’importe quand sur une période de 12 mois. Ces symptômes peuvent inclure une préoccupation par le jeu, l’agitation ou une irritabilité lors des tentatives de réduction ou d’arrêt de la pratique du jeu, un besoin de jouer avec des sommes d’argent croissantes pour atteindre l’état d’excitation désirée, et d’autres.
Intervieweur : Est-ce considéré comme une maladie ?
Dr Sarah Cohen : Oui. Le trouble lié au jeu d’argent est la seule addiction comportementale qui figure dans le DSM-5, le manuel de diagnostic et de classification des troubles mentaux.
Intervieweur : Y a-t-il un moyen de savoir si on est accro ?
Dr Sarah Cohen : Il est possible de faire un test sur Evalujeu, un site d’évaluation et de conseils personnalisés sur les pratiques de jeu. Cependant, ce questionnaire et les conseils associés n’ont pas vocation à remplacer la consultation d’un spécialiste.
Intervieweur : Quelles sont les causes de cette addiction ?
Dr Sarah Cohen : Comme dans toutes addictions, il existe plusieurs facteurs de risque qui prédisposent au trouble lié au jeu d’argent : facteurs génétiques, physiologiques, environnementaux, des tempéraments spécifiques et des troubles psychiatriques comme les troubles de la personnalité antisociale, les troubles dépressifs et bipolaires.
Intervieweur : Et quelles sont les conséquences ?
Dr Sarah Cohen : Les conséquences peuvent être physiques, psychiques, familiales, professionnelles et sociales. Les dommages financiers sont particulièrement marqués, conduisant à des endettements. Les relations avec la famille et les amis sont souvent perturbées. Cette addiction a également un retentissement sur le travail et un impact sur les performances scolaires.
Intervieweur : Est-ce que l’addiction aux jeux d’argent en ligne est plus dangereuse ?
Dr Sarah Cohen : Le jeu en ligne a été autorisé en 2010 en France et son accessibilité 24/7 peut augmenter la dangerosité de l’addiction. En effet, les joueurs en ligne dépensent plus d’argent et ont beaucoup plus de mal à s’arrêter. Même si les opérateurs légaux font beaucoup d’efforts, la route est longue.
Intervieweur : Quel numéro peut-on contacter pour obtenir de l’aide ?
Dr Sarah Cohen : Vous pouvez appeler Joueurs info service au 09 74 75 13 13 (france), qui est disponible 7 jours sur 7 de 8 heures à 2 heures. L’appel est anonyme et non surtaxé. Vous pouvez également les contacter via internet.
Intervieweur : Comment peut-on sortir de cette addiction ?
Dr Sarah Cohen : Une prise en soins spécialisée addictologique est incontournable. Des structures médico-sociales, pluridisciplinaires comme les CSAPA ou la Maison des Addictions proposent des consultations gratuites et dans le respect de la confidentialité. Elles s’adressent aux personnes en difficulté mais aussi à leur entourage. Parfois, une hospitalisation peut être nécessaire et sera proposée au patient.
Intervieweur : Qu’en est-il des approches comme l’hypnose ou la méditation ?
Dr Sarah Cohen : Dans le trouble lié au jeu d’argent, ces techniques peuvent aider à identifier et remettre en cause les déclencheurs qui favorisent la pratique de jeu. La méditation de pleine conscience favorise le contrôle inhibiteur et aide à modifier les comportements automatisés. Elle permet aussi d’améliorer la qualité de vie des patients. L’impact de l’hypnose sur les pratiques addictives et la qualité de vie peut également être bénéfique chez certaines personnes.
Intervieweur : Merci beaucoup pour ces informations précieuses, Dr Cohen.
Dr Sarah Cohen : Vous êtes le bienvenu. Il est important de diffuser ces informations pour aider ceux qui luttent contre cette addiction.